Il faisait nuit ce soir-là. La neige tombait, apaisant les mille tourments de mon esprit. Assise à la table du salon, je regardais cette danse immaculée recouvrir peu à peu la Nature que j’aimais tant. Je ne pensais plus à rien. La souffrance intérieure qui d’habitude me consumait, s’était endormie. Comme le reste de ma famille d’ailleurs.
Je regardais ma montre ; à plus de minuit, je ne ressentais toujours pas le besoin de me reposer. Pourtant, après plusieurs nuits blanches consécutives, je devrais déjà être en train de rêver !
En parlant de rêves … A cette évocation, je me sentis revenir quelques années en arrière.
J’étais enchaînée à une longue table de pierre glacée. Je me souviens d’avoir observé la pièce dans laquelle je me trouvais ; il n’y avait pas un meuble, la décoration se limitait à une ou deux torches fixées sur les murs qui auraient pu être d’un beau bleu ciel, s’ils n’avaient pas été éclaboussés du sang des précédentes victimes de mon ravisseur. Un courant d’air désagréable traversait la pièce, me faisant frissonner.
La lourde porte en fer claqua sèchement. Un bruit de pas qui se rapprochait de ma tête me fit serrer les dents. Je ne pouvais le voir, mais je savais qu’il n’était pas revenu les mains vides. Pourquoi me laisserait-il en paix après cette terrible semaine qui m’avait laissé presque morte ? Chaque heure apportait son lot de souffrance, je perdais peu à peu foi en l’avenir. D’ailleurs, avais-je une chance de partir un jour ? Pouvais-je vraiment espérer lui échapper ?
Je me réveillais chaque matin en sueur, incapable de réprimer les violents tremblements qui secouaient mon corps fragile. J’avais beau me dire que ce n’étaient que de simples cauchemars, je ne pouvais m’empêcher de croire qu’un jour cet homme viendrai me chercher.